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Mercredi 30 juillet 3 30 /07 /Juil 17:19
Avec beaucoup de retard, Bonne Lecture ! Merci d'être là...

Merci à Joy pour la correction ( 33 jours ma choupi !)

J'étais une enflure, un idiot. J'étais impardonnable car je ne pensais qu'à ma renommée dans un moment pareil. Je profitais de sa détresse, profitais d'un homme qui avait voulu se faire mourir. Je voyais ses larmes couler le long de ses joues, et plus elles poursuivaient leur chemin, plus je sentais mon coeur se déchirer. Depuis combien de temps n'avais-tu pas pleurer Ilian ? J'espérais, au fond de moi, que tes larmes étaient à cause de moi. Je suis devenu égoïste, sûrement par ta faute. Tu m'as quitté et j'ai changé, mais je suis là à te regarder pleurer, alors qu'il y a quelques années, c'était moi qui me trouvait dans un lit d'hôpital, incapable de bouger, pleurant toutes les larmes de mon corps pour t'avoir perdu.

Un soupir passa le barrage de mes lèvres, depuis combien de temps n'avais-je pas pensé à cette nuit ? Cette nuit où tout a basculé, où j'ai compris que je devais tourner la page, fuir loin. Loin de cette ville où notre amour était né.

Doucement, je me retournai, ne voulant pas me rappeler. C'était trop dur. Les mains dans les poches, la tête baissée, je marchai sans trop savoir où aller. Alors que je voulais l'aider, je me retrouvai aussi perdu que lui.

- Rentre chez toi.

La voix du directeur me parvint aux oreilles. Si douce et lointaine. Elle ressemblait à la voix d'un père rassurant son enfant. Je levai mes yeux vers cet homme, mon mentor, et un sourire triste se peint sur mes lèvres. Il semblait embêté, comme s'il voulait me dire quelque chose mais n'osait pas. Je ne voulais pas chercher à comprendre. D'un coup je me sentais faible et pitoyable, qui étais-je devenu pour profiter de la faiblesse de quelqu'un ?

- Je te donne ta journée, rentre chez toi, tu as l'air crevé, me dit-il, calme.

- Je vais aller faire un tour, je repasserai ce soir, répondis-je, reprenant ma marche.

Il fallait que je sorte, que je m'aère l'esprit et les idées. Cet hôpital me faisait tourner la tête, Ilian me faisait tourner la tête, mais pas dans le bon sens. Mais la voix du directeur me fit stopper tout mouvement.

- Tu t'impliques trop Jaeden. Aurais-tu quelque chose à me dire ? Me demanda-t-il, posant une main sur mon épaule

Mes sourcils se froncèrent immédiatement sous cette question, non moins suspecte. Pourquoi me disait-il cela ? Etait-il au courant de quelque chose ? Non, il ne pouvait pas l'être. Mon nom n'était mentionné dans aucun document.

- Non, rien, répondis-je doucement

Sans rien ajouter de plus, je marchai en direction de la sortie, prenant l'ascenseur, passant devant l'accueil et rencontrant l'air frais. Mais un détail m'interpella. Je n'avais pas pris mon manteau. Le froid me prenait de plein fouet, faisant grelotter mon corps. J'allais choper un rhume. Je courus alors vers la voiture, l'ouvrant et m'engouffrant dedans. J'allumais immédiatement le chauffage, frottant mes mains vigoureusement. J'avais envie d'aller en ville. M'évader un peu de cet endroit où la folie et la tristesse régnaient en maître. Je savais pertinemment où je voulais aller. Dans cette petite librairie, assez vieille, où des montagnes de livres attendaient d'être achetés.

 

Je pris la route l'esprit embrumé par des souvenirs du passé. Il fallait à tout prix que je m'évade, ne serait-ce que quelques minutes, que je pense à autre chose. Je conduisis pendant un quart d'heure, m'arrêtant sur le parking de la librairie. L'endroit était petit, mais ravissant. C'était une vieille bâtisse en pierre, le devant tout recouvert de lierre. De vieux volets de couleur bordeaux donnaient à la maison un charme fou. J'entrai immédiatement dedans, ne me laissant pas atteindre par le froid, et m'engouffrai dans la chaleur que m'offrait l'habitation. Devant moi, une bonne dizaine d'étagères en vieux bois, soutenant le poids de livres tous plus intéressants les uns que les autres. Sur le côté droit se trouvaient quelques fauteuils et canapés permettant au lecteur de lire et d’avoir un avant goût avant d'acheter. De l’autre côté se trouvait le comptoir, où une dame d'un certain âge me regardait, un sourire aux lèvres.

- Je me demandais quand tu allais revenir, Jaeden, me dit-elle chaleureusement.

- J'avais envie de m'évader, alors je suis venu ici. Quel est l'endroit le plus calme à part ta librairie, Lucie ? Demandai-je, un sourire amusé aux lèvres.

- Flatteur. J'ai reçu de nouveaux livres sur la médecine, tu veux les voir ?

- Non, je vais juste faire un tour. Merci.

Elle ne me répondit rien, se contentant de sourire. Je m'avançai, touchant du bout des doigts la couverture des livres sur mon passage. La douce odeur des vieilles pages, m'enivrait, me transportait. J'avais trouver le soutien dans les livres avec cet accident, ce jour maudit. Lire ses histoires fictives me permettait d'échapper un instant à la douleur réelle qui parcourait mon corps jour après jour. Puis j'avais rencontré Hugo, et j'avais laissé cette douleur s'évaporer peu à peu, ne me concentrant que sur lui. Cette pensée me fit alors revenir dans la réalité, brusquement. J'avais honte, mais je l'avais totalement oublié, trop ancré dans mes souvenirs. Je mis ma main à ma poche et constatais avec horreur que j'avais laissé mon téléphone dans le bureau. Il allait me tuer. Un soupir sortit de ma bouche, pourquoi étais-je parti ? Si j'étais resté passer la nuit avec lui, notre dispute aurait sûrement été oubliée, et je n'aurais pas à m'en faire. Dépité, je pris le premier livre qui me passait par la main, et m'assis sur un canapé, l'ouvrant. Je ne savais pas vraiment de quoi il parlait, mais le voir dans la section fantastique me convenait parfaitement. Je laissai alors mes pensées vagabonder dans un univers où la magie était la reine du monde.

Tellement pris dans cette vie fictive, je ne vis pas l'heure tourner, si bien que ce fut Lucie qui me sortit de ma bulle. Elle posa une main douce sur ma joue et je relevai la tête, surpris.

- Il est 18 heures, je dois fermer le magasin, je suis désolée, dit-elle, un sourire sincère aux lèvres.

- Ce n'est rien, je dois retourner au travail de toute façon, répondis-je en me levant.

- Tu n'as pas un petit ami à retrouver ?

- Disons que je préfère attendre encore un peu.

Elle me sourit et prit le livre entre ses mains. Ses doigts effleurèrent la couverture dorée, alors qu'elle se retournait vers le comptoir.

 

- Tu le prends ? Me demanda-t-elle, sérieusement.

- Oui, Je...

Mais je fus incapable de continuer, mes yeux s'étaient posés sur un livre en présentation. Je reconnaîtrais ce livre entre mille, l'ayant vu le lire je ne sais combien de fois. Ma main droite vint se poser sur les lettres rouges en relief de la couverture, m'enveloppant immédiatement dans des souvenirs du passé.

- La mélodie de Briséïs, tu connais ? Me demanda Lucie, me regardant, souriante

- Vaguement...Répondis-je, perdu

- C'est l'histoire d’un chevalier qui doit trouver celui qui se fait appeler l'élu. Son roi lui ordonne de le trouver et de le ramener, mais il va tomber amoureux.

- Un roman homosexuel ?

- Oui, je te le fais à moitié prix si tu veux.

J'hésitai, pourtant, peut-être que ce livre pourrait l'aider. Je me souvenais que lorsque nous nous disputions, il se jetait sur ce livre, pour ne plus le lâcher, même si je venais lui présenter mes excuses. Il lisait à n'en plus finir et c'était impossible de lui faire arrêter s'il n'était pas arrivé à la fin d'un chapitre. Je me souvenais de son personnage préféré, un dénommé Mael, qui luttait entre son envie et son devoir. Un sourire triste étira mes lèvres et je le pris en main.

- Je le prends, dis-je, le tendant à Lucie.

Elle le prit en main et le mit dans un petit sac en carton. Je réglai en liquide puis sortis, après avoir discuté encore quelque instants avec la vieille femme. Je rentrai rapidement dans mon véhicule et repris la route. Si je faisais vite, j'allais arriver à l'hôpital, la cantinière n'ayant pas encore mis les repas dans les assiettes. Je savais que la nourriture n'était pas des plus meilleures, mais elle restait nourrissante, et au vu de l'état d'Ilian, il fallait à tout prix qu'il mange.

Vingt minutes plus tard, je me trouvais dans l'hôpital, dans les cuisines plus précisément. Je m'activai à lui préparer un petit repas. Ce n'était pas grand chose mais j'espérais qu'il apprécie. Je sortis quelques minutes plus tard, un plateau recouvert d'un globe qui permettait au repas de garder toute sa chaleur. J'arrivai devant la porte de la chambre d'Ilian, et y entrais, le voyant en train de dormir. Sans faire de bruit, je posai le plateau sur la petite table roulante près de lui et m'arrêtai quelques secondes. Ses cheveux noirs de jais étaient emmêlés et quelques mèches recouvraient son visage pâle. Sans vraiment réfléchir, je les lui retirai, laissant mes yeux passer sur ses traits doux, dûs à son sommeil. Il n'avait pas perdu sa beauté, celle qui m'avait tant marqué lors d'un cours auquel je n'avais assisté qu'une fois, lorsque nous étions plus jeunes. Un sourire triste étira mais lèvres et je sortis le livre du sac en carton, m'asseyant sur le fauteuil. Je voulais attendre. Je voulais le voir se réveiller, et rester encore un peu avec lui. J'ouvris son livre à la première page et entrai dans un monde fantastique. Mais bien vite, mes pensées s'envolèrent, encore une fois dans des souvenirs que je tentais de refermer, des souvenirs qui ne m'apportaient rien à part un mal de coeur...

*

J'étais allongé sur un lit aux draps vert clair, légèrement relevé par deux coussins superposés. Mes mains tenaient un magazine people racontant des tas de choses qui ne m'intéressaient guère. Ilian se trouvait près de moi, allongé sur le ventre, la tête au pied du lit. Il lisait pour la énième fois son livre préféré, m'oubliant par la même occasion. Cela faisait quatre mois que nous étions ensemble. Quatre mois que je lui avais donné son premier baiser. Il m'aimait et j'en étais fier.Au moins une personne éprouvait ce sentiment envers moi. Mais moi, je ne lui disais pas. Je ne pensais pas l'aimer, j'étais juste vraiment attiré par lui. Mon regard dériva sur lui. Sur son jean clair moulant ses petites fesses à la perfection, sur ce tee-shirt rouge, légèrement relevé, laissant entrapercevoir son bas de dos. Ilian était magnifique, une véritable tentation. Boudant légèrement par le fait qu'il m'oublie pour un livre qu'il relisait sans cesse, je jetai mon magazine par terre, et m'allongeai près de lui, mettant ma main sur sa peau nue. Immédiatement, je le sentis frissonner, mais ses yeux ne quittèrent pas son maudit livre. Je me collai alors près de lui, et posai mes lèvres sur sa joue, tout en remontant ma main le long de son dos.

- Arrête de lire ! Lui ordonnai-je gentiment, mon souffle caressant son oreille.

- Encore un peu, je suis au moment ou Mael rencontre Argan...Dit-il, tournant la tête et posant furtivement ses lèvres sur les miennes, pour mieux reprendre sa lecture.

Mes sourcils se froncèrent...Alors il pensait qu'avec un simple baiser il pourrait m'avoir ?

- Tu le connais par coeur ! Fis-je, glissant ma main le long de sa hanche.

- S'il te plait ! Me supplia-t-il, les yeux concentrés sur les lignes.

- Bon, bah si c'est comme ça, je vais voir Ewen !

Je me levai, rompant tout contact, mais un sourire de victoire étira mes lèvres lorsque j'entendis le bruit caractéristique d'un livre tomber au sol, et la voix déçue d'Ilian me dire « C'est bon, j'arrête... ». Je me retournai et le vis s'allonger sur le dos, les bras au dessus de la tête, prenant une cigarette et un briquet. Gagnant, je m'allongeai près de lui et lui retirai sa cigarette allumée de la bouche.

- T'es trop jeune pour fumer ! Dis-je, portant la cigarette à ma bouche.

Je tirai dessus, le regard défiant puis la jetai par la fenêtre, retenant la fumée dans ma gorge. Je vis ses yeux s'écarquiller, il détestait quand je faisais ça.

- Non mais arrête ! Tu sais le prix que c'est un paquet ?!? Me cria-t-il, énervé.

J'éclatai alors de rire, mais fus pris à mon propre piège lorsque la fumée m'étouffa. Je me mis à tousser brusquement, me pliant en deux, la main devant la bouche. Je sentis la petite main d'Ilian venir frapper doucement mon dos, m'aidant à m'en remettre.

- En plus, tu ne sais même pas fumer ! Me dit-il, un sourire amusé aux lèvres.

- Te moque pas ! Fis-je, le regard vexé.

Il sourit de plus belle et d'un coup je me jetai sur lui, le chatouillant. Il éclata de rire en se tordant, tentant d'échapper à mes mains, mais rapidement, je passai mes jambes de chaque côté de son corps, le tenant à ma merci. Son regard rieur s'ancra dans le mien et je ne pus le lâcher. Mes mains se stoppèrent, et sa bouche arrêta de rire, la laissant entrouverte. J'étais envoûté. Doucement, je posai mes coudes de chaque côté de sa tête et posai mes lèvres sur les siennes. Nos langues se retrouvèrent immédiatement, et un baiser tendre nous envoya dans un monde où il n'y avait que nous. A chaque fois, je ressentais ce même sentiment. Un sentiment d'euphorie, de bien-être, un sentiment inconnu, jamais encore ressenti. Mon bassin sembla se chauffer à cet instant. J'avais envie de lui...Ma bouche lâcha la sienne, et mon regard brûlant s'ancra une nouvelle fois dans le sien. Mes lèvres caressaient ses deux bouts de chairs, mon souffle les effleurant, et tendrement, je lui murmurai deux mots qui, je le savais, le firent se raidir.

- Faisons le...

*

Le bruit des draps me sortit de ma léthargie et immédiatement, mon regard se posa sur Ilian, qui se relevait doucement. Il s'assit, il semblait être soucieux au vu de son visage crispé et de la façon dont il avait remué la tête comme pour enlever une idée saugrenue de celle-ci. Comme je le pensais, il me lança immédiatement un regard froid tout en redevenant impassible. Je choisis ce moment pour parler.

- Bien reposé ? Ça va un peu mieux ? Demandai-je gentiment.

Mais bien sûr, il ne me répondit rien, et j'enchaînai. J'étais à présent habitué...

- Je t'ai amené ton dîner il y a un petit quart d'heure, il ne devrait pas avoir trop refroidi. Si ce n'est pas assez chaud, tu me le diras et j'irai le réchauffer.

Je le vis tourner la tête et regarder le plateau. Toujours le visage sans expression, il avança la petite table et enleva le petit globe pour regarder son repas avec un air de dégoût. Je me redressai un peu, voulant trouver une position plus confortable. Il entama son repas, sans un regard pour moi. Je savais qu'il se forçait parce que j'étais là, mais s'il fallait que je sois là a chacun de ses repas pour qu'il mange ne serait-ce que quelques bouchées, alors je le ferais. Il mangea la moitié du repas puis repoussa le plateau, avant de se rallonger sur son lit. Je compris qu'il avait besoin d'être seul et choisis ce moment pour me lever.

- Repose toi Ilian, tu en as besoin. A demain, dis-je, d'une voix douce.

Je sentis son regard posé sur moi, mais n'y fis pas attention. Je pris le plateau en main et posai son livre préféré sur la petite table. Je me retournai alors puis sortis, veillant à bien refermer la porte derrière moi. Je ne me retournai pas cette fois pour l'espionner, je savais quelle réaction il allait avoir. Je redescendis aux cuisines puis reposai le plateau. Je remontai par la suite afin de prendre ma veste, ma sacoche et mon portable. Mon regard se posa alors sur ce dernier et j'ouvris le clapet. Je vis alors six appels manqués d'Hugo et un message enregistré sur ma boîte vocale. Mais je n'avais pas envie de l'écouter. Dans quelques minutes, j'allais avoir une confrontation et cela me suffisait. Dix minutes plus tard, je me retrouvais au volant de ma voiture, roulant sur la voix express. Il pleuvait fort et la nuit tombait déjà. Vingt minutes plus tard, j'entrais dans mon appartement, complètement trempé. Je sentis directement une bonne odeur de poulet flotter dans l'air, et un fin sourire étira mes lèvres. J'enlevai mes chaussures et ma veste, puis marchai vers la cuisine. Je vis directement Hugo assis sur le plan de travail, la tête baissée. Sur la table se trouvaient toute la jolie vaisselle ainsi que des bougies, donnant un aspect vraiment romantique à notre appartement. Je m'approchai de lui et passai mes bras autour de son corps fin, posant mon front dans son cou. Il ne me repoussa pas, bien au contraire, il m'enlaça à son tour.

 

- Excuse moi...Soufflai-je, embrassant tendrement sa joue.

- Moi aussi je suis désolé, je n'aurais pas dû m'énerver comme ça, mais je t'attendais et je ne te voyais toujours pas arriver alors...

Il ne put terminer car j'emprisonnai ses lèvres. Il m'ouvrit immédiatement sa bouche et nous nous embrassâmes tendrement. Je savais qu'il m'en voulait un peu, mais ce soir je ne voulais pas d'une énième dispute. Je passai tendrement ma main dans ses cheveux et embrassai le bout de son nez, avant de me détacher de lui. J'ouvris la porte du frigo et constatai avec envie qu'il m'avait préparé mon repas favori.

- Du poulet sauce caramel avec des pommes de terre ! Dis-je, lui adressant un magnifique sourire.

- Je te dois bien ça, tu as du dormir sur le canap’ de ton frère...Me répondit-il, en haussant les épaules, un petit sourire aux lèvres.

Je m'asseyais à table et ouvris la bouteille de vin blanc. Un sourire aux lèvres, je nous servis, puis reposai la bouteille. Je regardai Hugo en train de sortir le repas du four, puis l'apporter sur la table. Il s'assit, me lançant le plus beau des sourires, puis commença à couper le poulet. J'entendis alors la sonnerie de son portable se mettre en marche et nous tournâmes la tête vers le combiné.

- Tu peux décrocher, j'ai les mains prises...Me dit-il, l'air penaud.

J'acquiesçai et me levai, attrapant le téléphone. Mes yeux se posèrent alors sur le nom de l'interlocuteur. Un certain « Joe ». Les sourcils froncés, je décrochai.

- Allo ?

- Hugo ? Me demanda une voix grave.

- Non, son compagnon, il est occupé, je peux transmettre un message ? Fis-je, aimablement.

- Passez le moi, répondit-il, énervé.

- Il est occupé, je viens de vous dire...

- A quoi ? A te faire une pipe ?!? Passe le moi tout de suite t'entends, sinon...

- Sinon quoi ? Lançai-je sur un ton de défit.

Cette dernière question fit relever la tête d'Hugo et son regard chargé d'incompréhension se posa dans le mien. Je lui tendis alors le téléphone tout en haussant les épaules.

- Un certain Joe, assez connard, souhaite te parler, dis-je, indifférent.

Je le vis alors blêmir d'un coup et me regarder l'air incrédule. Il me prit vivement le téléphone des mains et bredouilla un « je reviens » avant de disparaître dans notre chambre. Perdu, je le regardai refermer brusquement la porte. Qui était ce Joe ? J'avais envie d'aller écouter à la porte, je le sais, j'étais curieux. Mais il ne fallait pas que je m'en fasse, Hugo avait beaucoup d'amis masculins, et puis...J'avais une totale confiance en lui. Je me levai, ne voulant pas commencer ce dîner aux chandelles sans lui puis me dirigeai dans le salon, allumant la radio. Je réglai la fréquence sur une chaîne de musique qui ne diffusait que des chansons romantiques puis m'installai sur le canapé, un magazine à la main.

Il revint quelques minutes plus tard, le visage inquiet. Mes sourcils se froncèrent alors que je le vis s'asseoir près de moi, sa main grattant sa nuque. Ca, c'était le signe qu'Hugo ressentait un bon coup de stress. Doucement, je passai mon bras derrière son dos et l'embrassai sur la joue.

- Quelque chose ne vas pas ? Demandai-je, posant ma main sur sa cuisse.

- Je...Euh, c'était le père d'un élève, son...Son fils a été viré...et...Bredouilla Hugo, fuyant mon regard

- Il a pas apprécié ?

- Non...Pas vraiment.

Une grimace étira alors mes lèvres. Je savais qu'Hugo attachait une grande importance au regard des autres, si bien qu'un désaccord avec l'un des parents de ses élèves faisait remonter son anxiété.

- Vu la façon dont il m'a parlé, tu devrais faire attention...Dis-je, calmement.

- Il...Il t’a dis quoi ? Me fit Hugo, tournant son visage vers moi.

- Rien de spécial, il voulait que je te passe le téléphone...Ah, et si tu me faisais une pipe, fis-je rigolant légèrement.

Lui ne rigola pas, et tourna la tête, regardant le sol. Je choisis ce moment pour porter mes lèvres à son coup, et laisser ma langue chatouiller sa peau tendre. Mais il me repoussa gentiment, mal à l'aise.

- Jaeden...Souffla-t-il, tristement.

- Tu ne veux pas ? Demandai-je, lui faisant une petite moue boudeuse.

Je le vis hésiter, puis un petit sourire triste étira ses lèvres. Sans que je ne comprenne, je me retrouvai allongé sur le canapé, me faisant embrasser sauvagement par Hugo. Ses mains partaient une nouvelle fois à la découverte de mon corps, m'arrachant des gémissements de plus en plus bruyants. Oublié, le dîner. Oubliée, la petite soirée romantique. Oublié, le pardon. Il n'y avait que lui et moi.

*

Je me réveillai le lendemain, le corps endolori par nos ébats de la nuit. Je me trouvais encore sur le canapé, complètement nu, une couverture verte posée sur moi et mes vêtements posés au sol. Je me levai doucement pour voir sur la petite table basse un mot, écrit par Hugo.

« J'avais cours à huit heures, tu dormais si bien que je n'ai pas voulu te réveiller. Après tout, tu as beaucoup donné de ta personne hier. J'ai mis le repas dans le frigo, et je te le réchaufferai ce soir. Je te promets de rentrer tôt...Aujourd'hui et tous les autres jours aussi. Je te le promets. Je t'aime plus que tout. »

 

Mes sourcils se froncèrent. Pourquoi me promettait-il une telle chose ? Je comprenais que son travail lui tienne à coeur, tout comme le mien. Même si parfois son absence m'insupportait, il le faisait parce qu'il aimait ça, parce que c'était son métier, sa passion, alors pourquoi cette promesse ? Hugo était vraiment quelqu'un de mystérieux. Je ne savais jamais à quoi il pensait, ni ce que voulaient dire certaines de ses phrases, mais je crois que c'est cet aspect de lui, ce côté si mystérieux qui me faisait craquer. Un petit sourire aux lèvres, je me levai, ramassant mes affaires. Je les mis dans la corbeille à linge dans la salle de bain, puis rentrai dans la douche, soulageant mes muscles endoloris par la chaleur de l'eau. Mes yeux se posèrent sur la petite horloge sur le meuble, indiquant 10 heures du matin, et je me dépêchai de me nettoyer. J'arrivai dans la chambre et m'habillai rapidement, je voulais aller voir Ilian, lui remettre un peu de cette fameuse pommade « miracle » et peut-être discuter un peu avec lui. Je sortis de l'appartement, veillant à bien refermer derrière moi, puis rentrai dans ma voiture. Vingt minutes plus tard, je me retrouvais dans le hall de l'hôpital, appuyant sur le bouton de l'ascenseur. Une voix grave, que je connaissais par cœur, m'accosta.

- Bien dormi ?

Je me retournai pour croiser le regard de mon directeur. Il avait un sourire radieux aux lèvres, rendant son visage magnifique.

- Oui, assez, mais je vois que toi aussi...Dis-je, le sourire aux lèvres.

- Anita est enceinte...Me souffla-t-il, le regard brillant.

Un énorme sourire déforma mon visage alors que je le prenais dans mes bras. Cela ne faisait peut-être pas professionnel, mais je m'en fichais. Il était mon mentor, mais aussi l'un de mes plus grands amis. Lui et sa femme, mariés depuis 10 ans, essayaient sans relâche de concevoir un enfant, sans jamais y parvenir, jusqu'à maintenant. Ils avaient tout testé, mais rien n’avait marché. Ils avaient finalement entamé une procédure d'adoption, relâchant ainsi la pression. C'en était sûrement la cause, on dit souvent que les choses arrivent lorsque l'on si attend le moins. Ce couple en était la preuve vivante.

- Félicitations, Paul ! M'exclamai-je, le tenant dans mes bras.

- Il faudra que vous veniez manger à la maison, toi et Hugo, histoire de fêter ça ! Me lança-t-il, heureux.

- Mais sans alcool cette fois, fis-je, amusé.

Il rigola légèrement, puis nous rentrâmes dans l'ascenseur. Nous étions seul, lui rayonnant et moi me posant la question : Ilian dormait-il encore ? Le directeur sembla lire en moi car il parla de lui.

- Sa soeur devait venir lui rendre visite ce matin...Vous n'avez pas rendez-vous avant demain non ? Me demanda-t-il, étonné.

- Je...Je voulais juste savoir comment il allait...Me justifiai-je, tournant la tête car je sentais mes joues s'échauffer.

- Jaeden, tu es trop dans...Commença-t-il, las

- Mon patient vient de faire une tentative de suicide, Paul, s'il veut parler je veux être là, le coupai-je

- Et s'il te parle, je veux être au courant. Les moindres mots qu'il prononce, je veux les connaître...Compris, Jaeden ?

- Compris.

Je mentais. Je savais indéniablement qu'Ilian et moi finirions par parler du passé. Une rancœur encore énorme nous séparait, et plus nous nous voyons, plus elle se faisait présente. Mais je savais aussi une chose. Plus je ne le voyais pas, plus je pensais à lui. Sauf quand j'étais avec Hugo. Je soupirai puis je lançai un simple « Au revoir », avant de sortir de l'ascenseur, prenant le chemin de l'infirmerie. Le pot de pommade dans ma poche, je m'approchai de la chambre d'Ilian. Mais une voix féminine m'arrêta. Une voix qui appartenait à une jeune femme que j'avais souvent détestée par le passé.

- As-tu seulement pensé un court instant à nous ? Si tu tiens à rester ici sans faire d'effort, c'est ton problème, pas le nôtre ! Tu sais quoi Ilian ? J'aurais préféré milles fois être fille unique, la vie aurait été bien meilleure pour papa et maman.

Comment pouvait-elle dire ça à son propre frère ? Le venin qui coulait dans ses veines était immonde. Elle n'avait pas changé, toujours aussi hautaine et idiote. Je décidai d'entrer, mais aucun des deux ne m'avait remarqué. Ilian se tenait dans son lit, assis, regardant droit devant lui. Son visage était inexpressif, alors que son regard était aussi froid que de la glace. Amandine, la soeur d'Ilian se trouvait près de lui, debout. Elle portait une robe noire stricte, surmontée d'une petite veste de la même couleur. Ses longs cheveux bruns avaient été ramassés par une barrette. Ses yeux verts semblaient vouloir tuer Ilian du regard. Je suis sûr qu'elle aurait aimé le faire. Je priais intérieurement pour qu'elle ne me reconnaisse pas. De toute évidence, elle ne m'avait pas beaucoup apprécié, ni vu pendant les deux années où j'avais été avec Ilian.

- Pff, et tu ne réponds rien...Tu ne cherches même pas à te défendre, reprit-elle, resserrant sa prise autour de son sac.

Je choisis ce moment pour manifester ma présence, pensant qu'Ilian avait suffisamment encaissé pour le moment. Je ne comprenais pas que les infirmières aient laissé entrer un membre de la famille, alors que du repos était conseillé à mon patient.

- Qu'est-ce que vous faites là ? Vous allez me faire le plaisir de sortir d'ici et de ne plus jamais revenir le voir, fis-je, la voix froide.

Je la vis se retourner et écarquiller grand les yeux. Et moi qui pensais passer inaperçu... Mais elle ne dit rien, se contentant de me fixer un moment. Vexée, elle regarda son frère furtivement puis reposa son regard sur moi, aussi hautaine qu'elle le pouvait.

- De toute façon, j'avais fini, répliqua-t-elle, elle aussi froide.

Elle me contourna, sans un regard, puis sortit de la pièce. Je me retournai à mon tour et refermai la porte, regardant sa fine silhouette prendre le chemin de la sortie.

- Décidément, son idiotie a pris le dessus sur le peu d'intelligence qu'elle avait... Soupirai-je, la voyant rentrer dans l'ascenseur.

Je me retournai pour croiser le regard inexpressif d'Ilian. Je n'y fis pas attention, devenant habitué.

°0° Ceci n'est pas la fin ^^ °0°

Par mai-lynn - Publié dans : Nothing To Prove
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