°0° CaLeNdRiEr °0°

Mai 2024
L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    
<< < > >>

°0° ReChErChE °0°

Images Aléatoires

Mercredi 30 juillet 3 30 /07 /Juil 17:29
 

- Je vais aller faire le soin de votre patient, puis il arrivera dans votre bureau, me lança-t-elle timidement.

- Je vous accompagne.

Elle hocha la tête et se retourna. Je la suivis sans un mot, zigzagant entre les couloirs. Elle entra dans la chambre d'Ilian sans frapper et le réveilla assez brutalement. J'étais étonné, mais ne dis rien. Ilian se redressa, s'habituant peu à peu à la luminosité.

- J'espère que tu t'es bien reposé, et que cela t’aura remis les idées en place. Je vais refaire ton pansement, et tu iras faire une séance avec ton psychiatre avant de regagner ta chambre, dit-elle, assez froide.

L'infirmière s'approcha de lui, tirant tout de même assez brutalement sur son bras mutilé. Je vis Ilian tourner vivement la tête dans l'autre sens alors qu'elle mettait la plaie à l'air libre. La honte devait l'assaillir. Elle lui fit son soin rapidement, sûrement ne lui avait-elle donné que le strict nécessaire. Nous sortîmes de la chambre, le laissant se laver et se rhabiller. Il me rejoignit quelques minutes plus tard, puis, sans un mot, nous parcourûmes les couloirs. Nous croisâmes plusieurs personnes, qui dévisageaient Ilian. Que pouvais-je bien dire ? Je n'étais pas le maître de leurs pensées, et même dans un hôpital psychiatrique, les rumeurs allaient bon train. J'en avais eu la preuve il n'y a pas longtemps.

Nous arrivâmes devant ma porte et je le laissai entrer le premier, lui renvoyant un petit sourire de courtoisie. Il y pénétra rapidement, s'asseyant assez lascivement sur le fauteuil en face de mon bureau. Il ne semblait pas perturbé par cet entretien. Moi, je l'étais. Trop peut-être, encore une fois. Avec tous les événements qui se produisaient entre lui et moi, les souvenirs qui n'arrêtaient pas de ressurgir, je ne faisais qu'espérer que cet entretien se passe au mieux. Que je puisse vraiment avancer avec lui. Aussi professionnellement que possible.

Je m'assis donc sur mon fauteuil, et posai mes mains sur le bureau. Je pris une profonde respiration et commençai, une idée bien précise du sujet que nous allions entamer.

- Bien, ne t'inquiète pas, nous n'allons pas parler de ce que tu as fait ces derniers jours, non, j'aimerais te parler aujourd'hui de ton loisir ici, depuis que tu es arrivé : L'écriture.

Cette idée me trottait déjà depuis un long moment dans la tête. C'était le système simple de tous les grands écrivains. Confier ses plus grandes peurs, ses plus grandes espérances à du papier. Ecrire, pour soi, et uniquement pour soi. Je le vis relever la tête, et croiser mon regard. Il semblait attentif à ce que je lui disais. Je venais de toucher un point sensible. Je pris dans mon tiroir un cahier et le lui tendis. Résigné, il le prit en main, sans quitter mon regard.

- J'ai appris que tu écrivais beaucoup, alors je me suis dis que tu pourrais écrire ce que tu ressens sur celui-ci, tu sais, une sorte de journal intime, déclarai-je, sérieusement.

Il ne me répondit rien, continuant de me fixer sans la moindre émotion, ce qui m'énervait grandement.

- Bon...Finis-je par souffler, déjà lassé de son petit jeu. Je prends ta non-réponse pour un acquiescement à ce que je viens de dire. Et puis, ce n'est qu'une proposition, si tu n'en as pas envie, tu fais comme tu le souhaites.

J'attendis un petit moment avant de lui révéler ma première motivation. Je savais que ma demande aurait du mal à passer.

- Maintenant, j'aimerais te demander une faveur, poursuivis-je, calme. Je sais que tu l'as refusé à tous les autres psys, mais j'aimerais vraiment que tu me fasses lire une de tes histoires.

- Je ne vois pas en quoi ton statut serait différent des autres, lâcha-t-il, d'une voix froide.

- Je ne demande pas de statut particulier, juste que tu me fasses confiance, répliquai-je, pas vraiment étonné de sa réplique cinglante. J'aimerais les lire, parce que je suis persuadé que les lire m'amènera à te connaître.

- Non !

Je sursautai légèrement au son de sa voix froide et tranchante. Son regard était aussi noir qu'un corbeau, prêt à me tuer sur place. Pourquoi n'avais-je pas le droit de les lire ? Alors qu'un simple petit emmerdeur pouvait le faire ? La rumeur était-elle vraie ?

- Pourquoi ? Demandai-je, haussant le ton malgré moi.

- Parce que c'est toi ! Cria-t-il, avant de se lever, et de partir telle une furie.

Il ne me laissa pas le temps de répondre, j'entendis la porte claquer violement. Las, je m'assis sur mon fauteuil, passant une main sur ma figure. J'étais persuadé que ses écrits représentaient la clé au crime qu'il avait commis. La clé pour ouvrir la carapace qu'il s'était formé.

Je restai quelques minutes assis dans mon fauteuil à regarder le lac derrière ma fenêtre. Des cygnes majestueux se pavanaient fièrement devant de petits canards. Je secouai vivement la tête lorsque je me rendis compte de mes pensées complètement absurdes. Je me levai d'un bond, voulant me rendre au réfectoire. Je pris un repas simple, des lasagnes, que je mangeai rapidement, après avoir discuté rapidement avec certains collègues. Je reprenais alors le chemin de mon bureau lorsque je croisai Ilian en compagnie de Melvin. Agacé, je me stoppai près d'eux, mais Ilian ne fit rien, évitant mon regard comme la peste. Il passa devant moi, Melvin sur les talons. Irrité, je posai mon regard sur ce petit con et réprimai une forte envie de lui refaire le portrait lorsque je le vis me regarder d'un air moqueur, un petit sourire narquois aux lèvres. Dégoûté, je repris mon chemin, essayant de penser à autre chose. J'étais hors de moi, et il fallait vraiment que je me calme.

Je passai tout l'après midi a relire le procès d'Ilian, ressassant dans ma tête l'entretien encore une fois désastreux. La sonnerie de mon portable me fit relever la tête du dossier, prenant le mobile en main. Le nom de mon amant y figurait et une grimace étira mes lèvres lorsque je constatai l'heure tardive. La nuit était tombée, enroulant le lac dans son doux manteau. Anxieux de sa réaction, j'appuyai sur une touche pour prendre l'appel. Mais alors que je pensais recevoir des insultes à l'oreille pour l'avoir une nouvelle fois oublié, ce fut une voix douce et amoureuse qui me parvint.

- Chéri...Je...Qu'est-ce que tu fais ? Me demanda-t-il, perdu

- Excuse-moi mon amour, j'ai le dossier de mon patient en main et je n'ai pas pu en décrocher mon regard... Je ne vais pas tarder, répondis-je, passant ma main sur mes yeux fatigués.

- D'accord, je mets le repas à réchauffer, dans combien de temps tu seras à l'appart ?

- Dans une demi heure.

- Ok, a tout à l'heure alors.

Il raccrocha et je me levai, remettant ma veste et mon écharpe. Je mis le dossier dans ma sacoche et sortis de mon bureau, éteignant les lumières. Mais alors que j'appuyais sur le bouton de l'ascenseur, l'image d'Ilian vint retrouver mon esprit. Je me sentais coupable de l'avoir laissé partir furieux. Et le fait de me faire ignorer de cette façon n'avait fait qu'augmenter ce sentiment. Sans vraiment réfléchir, j'appuyai sur le bouton menant à l'étage des chambres. Il ne me fallut que quelques minutes avant d'arriver devant la porte de la chambre d'Ilian. La main suspendue dans les airs, j'hésitai. Pourquoi étais-je toujours attiré vers lui ? Pourquoi voulais-je autant regagner sa confiance ? Je voulais le mérite et le prestige, j'en étais sûr. Je voulais aussi l'aider pour son bien. Mais je sentais aussi autre chose croître en moi. Et je ne le voulais pas.

Pourtant, c'est poussé par ce je ne sais quoi que j'abaissai mon poing et frappai doucement à cette porte close. J'attendis quelques secondes mais la voix d'Ilian ne me parvint pas. Sûrement dormait-il. J'entrai doucement, ne voulant pas le réveiller, mais la lumière vive de la chambre me surprit. Etonné, je le vis assis dans son lit, le regard froid. Je décidai de laisser mes interrogations de côté pour le moment.

- Je n'ai pas attendu que tu me dises d'entrer...Lançai-je, ironique.

Je jetai un coup d'œil à l'entièreté de sa chambre, que je n'avais jamais eu le loisir de visiter. Elle n'était pas vraiment grande ni décorée, ce qui ne m'étonnait guère. Mais pris dans ma contemplation, je me rendis compte de l'état du bras d'Ilian, recouvert de sang. Une vague de peur me submergea, et je m'avançai immédiatement.

- Tu t'es...Tu as recom...Commençai-je, sentant l'inquiétude me gagner.

- Ça c'est juste rouvert en bougeant pendant la nuit, me coupa-t-il, tranchant.

Je ne répondis rien à sa voix froide, sûrement habitué. Je me sentis allégé d'un poids, et me retournai, calme.

- Je vais chercher de quoi te soigner, ne bouge pas.

Je sortis de la pièce assez vite, passant par l'infirmerie de l'étage. J'y pris quelques compresses et désinfectant. Tout en revenant vers la chambre de mon patient, je sortis ma crème cicatrisante de ma sacoche.

Je m'assis sur son lit, assez proche de lui. Il me tendit immédiatement son bras, près à recevoir le soin que j'allais lui prodiguer. J'étais concentré dans ma tâche, désinfectant la plaie et enlevant le sang séché. Mais je le sentis crispé. Je savais que montrer cette plaie devait être une épreuve. Surtout le montrer à moi, son plus grand ennemi. Je ne m’éternisai pas, cette fois, veillant à ne pas divaguer dans mes pensées. Je refis le bandage et mon regard se posa sur le cahier que je lui avais donné, jeté sur le sol. Je lançai un regard furtif à Ilian puis me levai, prenant le cahier en main. Sans un mot, je le posai sur le bureau. Je regardai Ilian un moment, puis m'apprêtai à sortir.

- Tu devrais aller manger un peu, déclarai-je, refermant doucement la porte sur moi.

Je repartis, ce même sentiment inconnu compressant mon estomac. Vingt minutes plus tard, j'entrai dans mon appartement, enlevant ma veste et la posant sur mon bureau. J'enlevai mes chaussures lorsque je sentis deux bras m'encercler et l'odeur d'Hugo se répandre dans l'air. Je me retournai vers lui, le prenant dans mes bras. Sa petite tête blonde vint se loger dans mon cou alors que je passais mes mains dans sa chevelure dorée. Il n'en fallut pas plus pour que nos lèvres se scellent dans un doux baiser. Enivré, je le poussai doucement contre la porte, passant mes mains sur ses hanches. Les siennes vinrent se poser sur ma nuque, m'ordonnant par une simple pression de continuer.

Ravi par cet accueil, mes mains passèrent sous son jean, touchant ses fesses bien musclées. Je l'entendis gémir doucement et recommençai ma caresse. Une de ses jambes vint se poser sur ma hanche et je décidai de lui enlever son pantalon ainsi que son boxer. Sensuellement, je fis descendre ces bouts de tissu, me baissant en même temps. Mes lèvres se posèrent sur ses genoux que je sentais trembler sous le plaisir. Il leva les pieds alors que je balançais les affaires, et lentement, laissant mon souffle caresser sa peau, je remontai. Mes genoux vinrent toucher le sol et j'embrassai ses hanches, sentant l'envie tirailler mon bas ventre.

Mais des coups violents frappés contre la porte sur laquelle était adossé Hugo nous firent stopper tout mouvement. Immédiatement, je me redressai, pestant contre l'inconnu qui osait nous interrompre dans un moment pareil. Rageusement, j'entrouvris la porte, ne laissant voir que ma tête.

- Hey, frangin ! J'viens de faire une grosse connerie !

Kain se trouvait devant la porte, accoudé à l'embrasure. Je voyais très bien à ses yeux et à sa manière de parler qu'il était complètement ivre. Je lâchai un profond soupir et jetai un coup d'œil à Hugo, qui se rhabilla, l'air mécontent.

- Attends deux secondes Kain, dis-je, refermant la porte immédiatement.

Je m'approchai de mon amant et le pris dans mes bras.

- Je suis désolé, je ne peux pas le laisser à la porte...Fis-je, ennuyé

- Je sais ! Lâcha-t-il, énervé.

- Hugo...C'est mon frère et tu l'as entendu, il a fait une connerie...

- Je m'en contrefous !

Sans un mot, il se libéra de mon étreinte et partit dans la salle de bain, claquant la porte. Je passai une main sur mon visage et ouvris la porte à Kain. Celui-ci entra en titubant, jetant sa veste à même le sol. Il s'assit sur un fauteuil, posant une main sur ses yeux. Gêné, je m'assis sur le canapé, lui laissant quelques minutes pour se ressaisir. Lorsqu'il buvait, Kain pouvait tout vous dire. Et même parfois révéler des choses qu'il devrait garder pour lui. Le mieux, c'était de lui laisser le temps de mettre ses idées en ordre.

- Elle est enceinte...Soupira Kain, me regardant tristement.

- Oh....Murmurai-je, choqué

- Je sais....

- Et la capote, tu connais pas !

La voix d'Hugo me fit sursauter, et vivement, je me retournai, croisant le regard irrité de mon amant. Kain releva aussi la tête, et une grimace étira ses lèvres.

- Tu es encore là toi...Désolé, c'est à mon frère que je parle là, répondit-il, agacé.

- J'habite ici aussi, rétorqua Hugo, les poings serrés.

- Pas pour longtemps, je sens qu'il va pas tarder à te larguer...

- Ah oui, et qu'est-ce qui te fait dire ça ?!?

- Oh, juste qu'il a retrouvé son premier amour.

Ces deux derniers mots me glacèrent le sang et mes yeux s'agrandirent sous la surprise. Je lançai un regard désespéré à Kain, lui montrant qu'Hugo n'était pas au courant, mais un sourire ironique étira ses lèvres. Hugo n'avait rien répondu, mais je sentais son regard me brûler.

- Oh...Tu n'étais pas au courant Hugo...Souffla mon frère, ravi.

Je me retournai doucement vers mon amant, croisant son regard furieux.

- C'est pas vraiment ce que tu crois...Dis-je en me levant.

- Non, ils sont pas encore amants, ils travaillent juste ensemble en attendant, répliqua Kain, narcissique.

- La ferme Kain ! Criai-je, énervé.

Je vis alors Hugo tourner les talons et rentrer dans notre chambre, en claquant bien évidement la porte.

- Tu fais vraiment chier ! Lançai-je à mon frère avant de suivre mon amant dans la chambre.

Il se tenait devant la fenêtre, les bras croisés. Il se retourna vers moi lorsqu'il entendit la porte de la chambre se refermer sur moi.

- Tu comptais me le dire quand ?!? Pesta-t-il, le regard noir.

- J'en sais rien, Hugo, Personne n'est au courant... Soufflai-je, las

- Si ! Kain ! Ton crétin de frère le sait avant moi.

- Il...Il est tombé par hasard dessus, je ne voulais rien lui dire non plus, et on aurait eu la même dispute si je t'en avais parlé avant.

- Je veux qu'il parte ! Hurla Hugo, en colère.

- Tu as entendu ce qu'il a dit, je peux pas le foutre à la porte comme ça !

- Je m’en fous, t'as qu'à partir avec lui si t'es pas content !

Je ne répondis rien, et me retournai, ouvrant la porte.

- J'en ai marre Hugo. On arrête pas de se disputer. C'est ma famille, si tu la détestes, c'est que tu me détestes aussi....Murmurai-je, ayant mal au coeur.

- Jaeden...Je ne te...Commença-t-il, d'une voix plus douce.

Mais je n'écoutai pas la fin de sa phrase et refermai la porte, m'approchant de mon frère. Il était à moitié endormi sur le fauteuil. Je le secouai sans ménagement. Il ne méritait pas de répit après ce qu'il venait de dire.

- Debout, je te ramène chez toi, fis-je d'une voix froide.

Il semblait honteux, mais je ne dis rien et remis ma veste. Sans un mot, nous descendîmes les marches, et nous engouffrâmes dans ma voiture. Le bruit de la radio fut le seul son qui parvint à nos oreilles alors que je roulais. Dix minutes plus tard, nous entrâmes dans son appartement. Il s'allongea directement dans son canapé, alors que je m'asseyais sur sa table basse.

- Après le coup que tu viens de me faire, tu dois me raconter en détail ce qu'il s’est passé, dis-je, froid.

- Jaeden, je suis...Commença-t-il, penaud.

- Raconte moi !

Il soupira puis s'assit, baissant la tête, et joignant ses mains.

- Ca fait trois mois que je suis avec Savannah, tu le sais, et enfin, voilà, quelques fois, dans le feu de l’action, on a oublié, tu peux comprendre non ?!? Me dit-il, anxieux.

- Oui, mais moi, je suis persuadé qu'Hugo ne tombera jamais enceinte...Fis-je, souriant légèrement.

Il rigola à son tour puis regarda autour de lui.

- Elle est arrivée, on devait aller au resto. Je voyais bien que quelque chose n'allait pas, alors je lui ai tiré les vers du nez, et elle m'a annoncé qu'elle attendait un enfant de moi, s'expliqua-t-il, triturant ses mains.

- Et comment tu as réagi ? Demandai-je, m'asseyant prés de lui.

- J'ai eu aucune réaction. Je me suis assis, elle m'a parlé mais je n'ai rien entendu, puis elle est partie en larmes, et j'ai commencé à picoler...

- Et tu comptes faire quoi maintenant ?

- J'en sais rien, je suis totalement largué, frérot...

Je lui souris, puis le pris dans mes bras. Il me faisait de la peine. Je ne savais pas vraiment que dire, ni que faire, car ce cas ne m’arriverait jamais.

- Si jamais tu dis à maman pour Ilian, je lui avouerai que tu as mis une fille en cloque...Je te préviens...Dis-je, le sourire aux lèvres.

Il éclata de rire, en me serrant un peu plus fort contre lui.

- Je pense, repris-je, réconfortant, que tu devrais aller voir Savannah, et discuter avec elle. Je crois que tu l'aimes, non ?

- J'en suis fou.

- Alors accueillir un petit monstre ne devrait pas poser de problème.

- Mais c'est trop tôt.

- Il y a certaines choses que l'on ne peut éviter. Voyez ce que vous allez faire ensemble.

Je relâchai mon étreinte et me levai, enfilant ma veste.

- Des fois je me demande qui est l'aîné...Soupira Kain, un sourire aux lèvres.

- Je sais, et maintenant je dois aller réparer tes conneries...Dis-je, le regard faussement en colère.

*

Je rentrai chez moi, retrouvant Hugo assis sur le canapé, en pyjama. Il regardait la télévision, mais lorsqu'il m'entendit rentrer, il se leva immédiatement, me regardant tristement.

- Je vais me coucher, je suis crevé, dis-je, enlevant mes chaussures.

- Jaeden, je suis désolé, je ne voulais pas...Je t'aime, plus que tout même, mais Kain, j'y arrive pas, et lui non plus ! Me lança-t-il, les larmes aux yeux.

- Je ne vous demande pas de vous aimer, juste de faire un effort. Quand on va voir ta mère, je dois bien me tenir, même si elle me hait parce que j'ai rendu son fils soit disant gay. Je fais des efforts pas possibles pour qu'elle m'accepte alors que je sais qu'elle ne le fera jamais. Et toi, jamais tu ne reconnaîtras ces efforts, jamais tu ne feras le centième de ce que je fais vis à vis de Kain, m'écriai-je, énervé.

- Je suis désolé...Souffla-t-il, les larmes roulant sur ses joues.

Je ne répondis rien et me retournai pour aller dans notre chambre, mais je fus bien vite stoppé par les bras d'Hugo, qui me retenait sur place.

- Ne m'en veux pas, je suis désolé, moi aussi j'en ai marre que l'on se dispute. Je t'aime Jaeden, je te promets que je ferai un effort. S'il te plait, ne m'en veux pas...Me supplia-t-il, désemparé.

Doucement, je me retournai, le prenant dans mes bras. A chaque fois qu'il pleurait, je ne pouvais résister, et lui pardonnais aussitôt. Mes lèvres vinrent se poser sur son front, d'une douce emprise.

- Allez, arrête de pleurer, tu sais bien que je ne supporte pas ça...Murmurai-je, embrassant ses joues pleines de larmes.

Nous restâmes quelques minutes dans les bras l'un de l'autre avant de se mettre au lit. L'estomac vide, mais fatigué par tous ces événements. Hugo avait la tête enfouie sur mon torse, passant son doigt sur mes abdos, alors que moi je tenais mon livre entre les mains, me perdant dans ce monde imaginaire que j'aimais tant. Mais la voix d'Hugo me fit revenir à la réalité.

- Je dois me faire du souci ? Me dit-il tristement.

- Quoi ? Fis-je, surpris.

- Tu m'as dit que tu avais eu beaucoup d'aventures, mais seulement deux grands amours, moi et un dénommé Ilian. C'est lui ? Avec qui tu travailles ?

- Oui...

- Je dois me faire du souci ? Est-ce que je dois être jaloux ?

- Non.

- Pourquoi ?

- Parce que je t'aime, répondis-je, me positionnant au dessus de lui.

- Mais tu l'as aimé aussi, me dit-il, caressant ma joue.

- Oui, dans le passé. Mais maintenant, c'est toi que j'aime.

J'approchai mes lèvres des siennes, et d'un tendre baiser, je fis taire ses interrogations. Interrogations qui ne faisaient que m'assaillir ces temps-ci.

*

Je me réveillai le lendemain matin, seul dans mon lit. Mes yeux se posèrent sur le réveil qui affichait 9 heures du matin. Mon amant devait commencer plus tôt. Je me levai difficilement, encore fatigué par cette nuit. Je ne pris pas de petit-déjeuner, étant déjà en retard et pris une douche rapide. A peine 10 minutes plus tard, je me retrouvai dans la voiture, conduisant sur la voie express.

A peine avais-je posé ma main sur la portière de la voiture, dans le but de sortir, que je vis la silhouette du directeur se diriger vers moi, d'une démarche rapide. Je sortis alors, prenant en main ma sacoche, et un petit sourire s'afficha sur mon visage.

- Tu vas bien ? Demandai-je, gentiment.

- Bien, et toi ? Me répondit-il, desserrant un peu sa cravate.

- Ça va, fis-je en haussant les épaules.

Je vis directement à sa mine qu'il voulait me poser une question. Ou qu'il cherchait à me parler de quelque chose. Je commençai à marcher, le sentant me suivre sur mes pas. Nous arrivâmes dans l’ascenseur et il appuya sur l'étage des chambres. Curieux, je le regardai.

- Tu veux toujours ses cahiers ? Me demanda-t-il, sérieux

- Oui, mais pas sans son accord, m'offusquai-je, ne comprenant pas son geste.

- Il ne voudra jamais te les donner, même si un jour tu arriveras à obtenir sa confiance.

- Je ne peux pas les lui prendre comme ça !

L'ascenseur s'ouvrit, dévoilant les couloirs blancs et lumineux remplis de patients. Le directeur sortit et s'arrêta devant, sa main empêchant la porte de se refermer. Le peu de confiance qu'il avait placée en moi se retrouverait réduit en cendre si jamais je lui prenais ses cahiers. Pourtant, c'était la clé, et j'en étais persuadé. Je pourrais savoir ce qu'il s'était passé. Comprendre pourquoi il avait commis ce meurtre. Par cette simple constatation, j'avançai, l'air incertain. Ilian m'en voudrait.

Nous marchâmes sans un mot dans de couloir, slalomant entre les patients qui partaient en direction du réfectoire. Le directeur entra en premier dans la chambre de mon patient et chercha directement du regard les cahiers. Ceux-ci étaient disposés négligemment sur le bureau d'Ilian. Mon regard se posa sur le cahier que j'avais donné à Ilian la veille. Il était ouvert sur le bureau, et je pouvais voir l'écriture fine et penchée d'Ilian. Un sourire s'afficha sur mon visage lorsque je compris qu'il avait suivi mon conseil, malgré tout ce qu'il avait dit.

Le directeur les prit en main, ne me lançant aucun regard. Je sentais un profond malaise m'envahir peu à peu, et la voix d'Ilian me fit perdre pied.

- Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? Vous n'avez pas le droit d'y toucher !!

Paul me donna alors tous les cahiers et s'avança vers Ilian, le regardant sérieusement. Je pouvais sentir tout le désarroi de mon patient, et mon coeur se serra immédiatement.

- Calme-toi, Ilian. Jaeden a de bons arguments pour les avoir. Il a besoin de les lire pour t'aider.

Ilian me lança un regard froid et empli de haine, qui me glaça le sang comme il savait si bien le faire. Il reporta bien vite son attention sur le directeur, le toisant de toute sa hauteur.

- Vous n'avez pas le droit, déclara-t-il froidement

- Bien sûr que si, si cela peut t'aider à...Commença le directeur en haussant les épaules

- Mais foutez moi la paix ! Et si je ne voulais pas qu'on m'aide ? Ça ne sert à rien ! Hurla-t-il, les poings sérés.

- Ilian ! Calme toi. Tu entends ce que tu es en train de dire ?

Je ne disais pas un mot, trop ancré dans les remords qui m'assaillaient. J'aurais du refuser, et maintenant c'était trop tard. Si je reposais ses cahiers, toute mon autorité et mon assurance de psychiatre seraient remises en question. Ilian même jouerait avec ça. Ce dernier baissa les bras, et alla se fondre dans le décor, laissant au directeur le loisir de prendre ses cahiers. Son visage était sans expression, mais ses yeux me dévoilaient la crainte qui le chamboulait. Et je vis des larmes venir faire larmoyer ses yeux lorsque le directeur prit le cahier que je lui avais donné. Pour celui-là, je voulais vraiment son accord.

- Non, je ne veux pas celui-ci, déclarai-je, évitant les regards du directeur et d'Ilian.

Je rabattis tous les cahiers contre ma poitrine et sortis de la pièce sans un regard pour mon patient. J'entendis le directeur rappeler à Ilian que nous avions rendez-vous cette après midi. M'enveloppant d'un nuage de remord, je remontai à mon bureau, où je m'installai sur ma chaise en cuir. Je posai un à un les cahiers sur la table, les regardant tour à tour. Mes doigts venaient effleurer la couverture quelques fois. Mais à aucun moment, je n'arrivais à les ouvrir. Avez-vous déjà ressenti ce sentiment d'impuissance ? Ce sentiment si fort qu'il vous paralyse complètement. Je les avais voulus, et maintenant qu'ils se retrouvaient devant moi, je n'arrivais pas à les ouvrir. J'avais en quelque sorte violé son âme, sa conscience. Je saccageais son antre, l'endroit où il pouvait s'évader. Comment vivrais-je si on m'interdisait de lire mes livres ?

Pourtant, je ne pouvais me résoudre à les lui rendre, du moins pour le moment. Je devais les lire, coûte que coûte. Mais ce n'était pas le moment pour moi. Je soupirai puis rangeai les livres dans un tiroir de ma commode, puis me rassis sur mon fauteuil, mes yeux se perdant dans le doux paysage du lac.


°0° Suite à la partie 3 °0°

Par mai-lynn - Publié dans : Nothing To Prove
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Retour à l'accueil

°0° PrEsEnTaTiOn °0°

°0° CrEeR uN bLoG °0°

Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus