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Dimanche 15 mars 7 15 /03 /Mars 21:04
 

Je me réveillais le lendemain matin avec l'étrange impression qu'il me manquait quelque chose. Mon regard se posa alors sur la boite à chaussures renversée, posée sur mon lit, et toutes les photos et objets éparpillés dessus. Il me manquait. Je ne savais pas s'il avait lu la lettre. J'espérais de tout cœur qu'il la lise. Une profonde tristesse me prit alors que je retournais une fois de plus les événements de la veille dans ma tête. Mon corps tout entier avait mal pour lui. Tout avait été orchestre par Ewen. Je le haïssais, pire que ça, je le maudissais. Comment ne mettais-je pas rendu compte de son mal-être ?


Les larmes aux yeux, je me rallongeais. Je n'arrivais plus à me contrôler et cela m'énervais. Je posais alors mes mains sur mes yeux, et dans un sanglot, j'évacuais une nouvelle fois la rage qui coulait dans mes veines.


Cela faisait maintenant un mois qu'Ilian m'avait quitté. Quitté, ce mot était encore trop gentil. Lâchement abandonné, largué pour un autre. Tous les matins, le premier visage que je voyais était le sien et cela m'énervait. Rageusement, j'éloignais les couvertures et m'asseyais sur le lit, complètement nu. J'avais un début de barbe qui poussait et cela ne me gênait pas. Je n'avais plus envie de plaire de toute façon. La tête entre les mains, je me remettais doucement de la cuite que j'avais pris la veille. Mon regard se posa sur mon réveil. J'étais une nouvelle fois en retard.


C'est alors que la porte de ma chambre s'ouvrit à la volée, libérant mon frère, le regard furieux.


Jaeden ! Tu devrais être en cours depuis une heure déjà ! S'exclama-t'il, en colère.

Le réveil n'a pas sonné. Sors, je suis à poil ! Répondis-je en haussant les épaules.

Arrêté tes conneries, j'en ai ma claque de m'occuper de toi !


Je me levais, et attrapait les premières affaires qui me passaient sous la main. J'étais habitué aux dires venimeux de mon frère. Tellement habitué que cela ne me touchait même plus. Une fois habillé, j'attrapais mon sac de cours.


J'vais en cours. Dis-je, en passant devant lui.


Je l'entendis soupirer et frapper ma porte, mais sourd devant son attitude, je sortis en claquant la porte. Mon portable se mit à vibrer, et immédiatement je décrochais.


Tu veux quoi Jonathan ? Demandais-je, sortant de l'immeuble.

Savoir à quelle heure tu viens en cours. Répondit-il, vexé

Pas maintenant, j'ai un truc à faire.


Je raccrochais alors, alors que le bus arrivait devant moi. Jonathan était l'homme avec qui je sortais depuis peu. Un ami à moi. Un ami, et dealer. Assis à ma place, mes yeux se posèrent sur le reflet dans la vitre. J'avais changé. Mon visage faisait plus vieux, et mon apparence délabrée, mais je n'en avais rien a faire. Je pris alors mon sac et y sortit un bout de papier. Je devais sortir au prochain arrêt.


Ce dernier arriva bien vite, et immédiatement je descendis, prenant la première rue qui venait. Au bout, je m'adossais, l'épaule contre le mur et regardait droit devant moi. J'étais devant une école de commerce, une des plus prestigieuses de la ville d'ailleurs. J'avais mis du temps avant d'arriver à savoir où il était partit, et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris qu'il n'avait pas quitter la ville. La sonnerie de la pause de midi se fit entendre et je pu voir une multitude d'élèves en uniforme quitter l'école. Celui que j'attendais ne tarda pas. Ilian n'avait pas changé. Toujours aussi réservé qu'avant. Je le vis prendre son portable et écrire un message. Puis, il partit, regardant droit devant lui. Restant a une distance éloignée, je le suivis. Il marcha pendant une demi-heure passant devant mon école de médecine. Là, il s'arrêta, restant en retrait, comme s'il se cachait. Il regarda chaque élève comme je l'avais fait à l'instant. Puis, un quart d'heure plus tard, il repris sa route. Mais sourcils se froncèrent. Que cherchait-il à faire ?


Je m'arrêtais en même temps que lui, et mon cœur se mit à battre alors que nous nous trouvions chez moi. Se pourrait-il qu'il est laissé tomber celui pour qui il m'avait quitté? Peut-être pensait-il qu'il s'était trompé ? Je sentais mon souffle s'accélérer, et un immense bonheur m'envahir. Une merveilleuse sensation comprimait mon estomac, une joie telle que je ne l'avais plus sentit depuis un moi. M'accrochant à ce maigre espoir, je commençais à m'avancer vers lui. Mais alors que je n'étais pas loin, son téléphone se mit à sonner. Surpris, je m'arrêtais, restant derrière lui, à deux pas.


Oui ? Dit-il, en soupirant.

...

Non, j'ai fais un détour par la librairie, le nouveau livre de mon auteur préféré est sortit.


Mon cœur se brisa a l'instant même où il prononça cette phrase. Alors il n'était pas venu pour moi. Mais pour son stupide livre. J'étais vraiment pathétique. Il m'avait largué, et je continuais à l'aimer...Je n'aurais jamais dû commencer à sortir avec lui.


J'arrive, je vais acheter mon mon livre et je serais chez toi.

...

Pourquoi ?

...


Je le vis alors se crisper, et mes sourcils se froncèrent un peu plus. Mais mon cœur déjà fissuré tomba en morceaux alors que je l'entendis a nouveau parler.


Tu me manques aussi. Je t'aime.


Il raccrocha et recommença à marcher. Je ne le suivis pas me contentant de le regarder. Oui. J'avais été vraiment pathétique. J'aurais aimé le haïr. Le traiter de tous les noms. Mais non. Je ne pouvais pas. Les larmes me montèrent aux yeux et immédiatement j'eus l'impression d'étouffer. Mon cœur saignant, je dû m'assoir sur un banc et prendre ma tête entre mes mains. Je dû attendre un long moment avant de me calmer. Lorsque le souffle me revint, je calais mon dos contre le dossier, et mes yeux se posèrent sur la rue noire de monde. Mais alors que j'allais me relever et me diriger vers le premier bar qui venait, une main se posa sur mon épaule, et surpris je me retournais, croisant le regard d'un homme que je n'avais pas vu depuis un mois.


Ewen...ça fait longtemps...Soufflais-je, étonné.

Je sais...Excuses moi, Ilian a quelque problèmes alors on essaie d'y remédier, mais ça me prend du temps. Répondit-il en haussant les épaules.

Des problèmes ?

Avec son nouveau petit ami, disons qu'il est accro et ne voit rien de ce qui se passe autour de lui. C'est ça l'amour !


J'avalais difficilement ma salive. Ewen se rendait-il compte de ce qu'il me disait ? Un sourire faussement joyeux étira mes lèvres, alors que je réfrénais une fois de plus mes larmes.


Comment ça va ? Tu sors avec quelqu'un en ce moment ? Me demanda-t'il, vivement.

Oui, plus ou moins. Répondis-je en haussant les épaules.

Tu as dû le voir on a changé d'école. Fit-il, s'asseyant prés de moi.

Oui, j'ai vu.

Ilian voulait se rapprocher de son petit ami en faisant une école de commerce, mais ses parents ne voulaient pas le laisser seul al...


Je me levais, énervé de ses propos. A l'évidence, il ne comprenait pas le mal que ses dires me procuraient.


Désolé, on peut se revoir un autre jour si tu veux, mais, j'ai quelque chose à faire. Dis-je, sans le regarder.

Ok...me répondit-il dans un sourire, à plus tard alors.


Je ne répondis rien, rentrant à toute vitesse dans mon appartement. Je sentais la colère pulser dans mes veines tel un venin. Je me jetais alors immédiatement vers la première bouteille de whisky que je vis, buvant à même la bouteille.


Tu ne crois pas qu'il est un peu tôt pour boire ? Cracha mon frère sortant de sa chambre.

Occupes toi de tes affaires. Rétorquais-je buvant une autre gorgé de la bouteille.


Kain m'arracha alors la bouteille des mains, le regard noir.


Tu es mon frère, tu crois quoi, que je vais te laisser tomber dans ça !

Vas te faire foutre ! M'écriais-je, le bousculant.


C'est alors que je sentis son poing attaquer ma joue, me faisant tomber à même le sol. La lèvre en sang, je restais sonné devant ce que venait de faire Kain. Ce dernier s'abaissa immédiatement,revenant dans la réalité.


Jaeden, excuse moi, tu me pousses à bout ! je...

Je me casse.


Sans un mot de plus, je me relevais, allant directement dans ma chambre. Prenant un mouchoir, je l'appliquais sur ma lèvre. Je pris la valise qui se trouvait sous mon lit et pris tout mes vêtements à une vitesse incroyable. J'entendais Kain me supplier de revenir sur ma décision, mais j'étais sourd. Le mal-être me rongeait, je n'en pouvais plus, il fallait que tout ça cesse. Que je m'éloigne. Ce que je n'avais pas prédit, c'était que mon mal-être me conduirait à ma perte...


Je me réveillais le lendemain, le corps en sueur. Cela faisait un moment que je n'avais pas révé de notre séparation. Remuer les souvenirs enfouis dans cette boite était beaucoup trop dangereux pour moi. Je le savais, pourtant je n'avais pas pu m'empêcher. Avec difficulté, je me levais. La fatigue me tombait dessus, et étouffant un bâillement, je rassemblais les photos dans la petite boite, puis la rangeait. Passant une main sur mon visage, j'allais prendre ma douche, comptant sur l'eau pour me réveiller.


2O minutes plus tard, j'étais enfin prêt, et attrapant un choco, je sortais de mon appartement. Aujourd'hui, j'allais avoir un nouveau patient et cela m'enchantait. Peut-être allais-je être cruel, mais il fallait que je change d'air professionnellement. Je n'avais pas l'intention d'arrêter d'aider Ilian, mais continuer dans cette direction ne nous mènerait nulle part. Je ne cessais de penser à lui, à ce qu'il lui était arrivé. Que pouvais-je faire pour l'aider ? J'étais totalement impuissant face à sa détresse. Et cette impuissance m'exaspérait.


Prenant la route, je conduis comme à mon habitude beaucoup trop vite, la musique à fond. J'arrivais devant les grilles de l'hôpital, une fine pluie commençait à tomber, me mouillant légèrement. D'un pas rapide, je rentrais dans l'hôpital, m'approchant de la standardiste. Elle me sourit, et raccrocha son téléphone.


Le directeur souhaiterait vous parlez. Me dit-elle, me tendant le mot qu'il avait laissé à mon attention.

Bien, il est dans son bureau ? Demandais-je, mettant le papier dans ma veste.

Non, il allait discuter avec la chef des infirmières.


J'acquiesçais, souriant, puis prenais l'ascenseur. J'arrivais à l'étage des chambres, et mon regard se posa immédiatement sur la porte d'Ilian. Je ne cessais de me demander si Ilian avait lu ma lettre. Ce qu'il en avait pensé. Mon cœur ne cessait de battre rapidement, et sans m'en rendre compte, je m'approchais de cette porte qui m'étais interdite. Je sombrais peu à peu dans le passé, comme si Ilian était la clé à ce que je refermais en moi depuis cinq ans. Ma main effleura le bois, et je me demandais ce qu'il faisait à l'instant même. Je voulais lui parler. Tampis.


Mais à l'instant même où je posais ma main sur la poignée dorée, la voix de Paul me parvint aux oreilles. Surpris, je me retournais, mettant ma main dans ma poche, comme pris en faute.


Tu as eu mon message ? Fit-il, dans un sourire.

Oui, j'allais venir te voir. Répondis-je lui rendant son sourire.


Son regard se posa alors sur la porte et ses sourcils se froncèrent.


Je voulais aller voir comment il allait...Apres sa crise...m'expliquais-je, voulant éloigner tout soupçon.

Oui, je vois, Tu n'as pas eu trop de mal à le calmer ? J'ai été surpris qu'il t'appelle...


Je ne savais que répondre. Paul avait l'air habitué à ce genre de crise. Je décidais alors d'en savoir un peu plus.


J'ai été un peu surpris de le voir dans cet état...Avouais-je en haussant les épaules.

Comme tu as dû le lire dans son dossier Jaeden, ce n’est vraiment pas les premières crises qu’il est en train de faire. A son arrivé, il était intenable. Il y avait des moments où il se calmait, mais dès qu’un patient l’approchait de trop prêt ou qu’un psychiatre ne lui convenait plus, il rentrait dans un état effrayant. Puis, il y a environ un an, il a cessé. Il ne faisait plus parler de lui, se contentant d’écrire et d’aller assister régulièrement à ses séances avec son médecin et aux quelques visites de sa famille. Nous avons pû diminuer considérablement la dose de ses médicaments, et nous ne lui avons donc pas fait ce que l’infirmière a dû faire pour le calmer il y a quelques jours. Je suis contre ce genre de traitement crois-moi, mais il ne nous laissait pas le choix. Comme tu as pû le remarquer, Ilian est un patient très complexe… Bizarrement, je m’inquiétais moins pour son état lorsqu’il faisait ses crises que cette dernière année.


Connaître cette facette d'Ilian m'effrayait un peu. J'avais l'impression d'être présenté à un inconnu. Absent, les mots sortirent de ma bouche sans que je ne m'en rende compte.


Qu’est ce qu’il s’est produit pour qu’il arrête ses crises ?

Je ne sais pas répondit le directeur. Il a cessé du jour au lendemain, comme si il avait lâché quelque chose et finalement peut être baissé les bras trop vite. Ses différents psychiatres ne sont jamais parvenus à trouver une explication. Après ce jour en tout cas et jusqu’à ton arrivé ici, il n’a plus rien laissé transparaître, s’enfermant dans une sorte de mutisme qui en a découragé plus d’un.


Je ne répondis rien, cherchant au plus profond de moi une raison à cet arrêt. Un événement important avait dû se produire, ces crises, d'ordre psychologiques, ne pouvaient cesser du jour au lendemain, à part si un autre traumatisme encore plus violent avait eu lieu.


Quoi qu’il en soit, reprit-il, Je t’avais prévenu, Ilian n’est vraiment pas un cas facile, il a toujours eu de multiples facettes, et s’est forgé une telle carapace qu’il est impossible de discerner le vrai du faux chez lui. Et tant que je ne parviendrais pas à le déterminer, nous ne saurons malheureusement jamais s’il a sa place ici.


Sa place ici. Cette phrase sonnait faux lorsqu'on connaissait Ilian. Bien sur que non il n'avait pas sa place ici. Un soupire passa le barrage de mes lèvres alors que des images d'Ewen maltraitant Ilian arrivait dans mon esprit. Mon cœur déchiré, se fissura un peu plus.


Au fait, ajouta précipitamment le directeur, je devais te prévenir. Ton nouveau patient vient d’arriver. Tu devrais aller à l’accueil.


J'acquiesçais et sans un mot de plus je passais près de lui. Je sentis sa main apaisante sur mon épaule, et faiblement je lui souriais avant de me remettre en marche. Je pris une nouvelle fois l'ascenseur et descendis à l'accueil. Je pu voir alors un homme d'une vingtaine d'année, assis sur un fauteuil. Il était brun, les cheveux assez long. Sa peu était extrêmement pâle, et le voir ainsi vouté me fit penser à un personnage de Death Note, un manga que j'adorais. Il tirait les manches de son pull et jouait avec, restant le regard fixé sur ses mains. Près de lui, se trouvait un homme d'une quarantaine d'année. A son allure bien stricte, je compris immédiatement que c'était le psychologue de Cameron, celui qui avait recommandé son internement.


Docteur Sadler ? Demanda-t'il, en se levant.

Oui, répondis-je en lui tendant la main.

Voici Cameron, votre nouveau patient. Dit-il, me tendant un dossier jaune. J'ai laissé mon numéro au cas où vous voudriez me poser d'éventuelles questions.

D'accord, je vous remercie de l'avoir amené vous même.


Je me tournais alors vers Cameron et m'accroupis afin de tenter de capter le regard fuyant du brun.


Comment vas-tu Cameron ? Demandais-je, souriant.


Il ne me répondit rien, mais me fit un sourire en coin, avant de se replier un peu plus. Satisfait tout de même par ce sourire, je me relevais.


Vous pouvez partir si vous le désirez, je vais m'occuper de lui. Fis-je, professionnel.


Il acquiesça, et posa sa main sur l'épaule de Cameron. Puis dans un faible sourire, il partit. Je le regardais un moment passer les portes, puis reporta mon attention sur Cameron qui jouait encore avec ses manches.


Tu as déjeuné ? Demandais-je, naturellement.


Il me fit non de la tête, encore une fois en évitant mon regard.


Alors que dirais-tu de manger un bon repas tout en discutant ?


Il haussa les épaules et se leva, gardant la tête toujours baissée. Sans un mot, nous prîmes l'ascenseur, et allions jusqu'au réfectoire. Entrant, je lui tendis un plateau qu'il prit, et se servit au self. Quelques minutes plus tard, nous étions assis, mangeant en silence.


Le trajet n'a pas été trop long ? Demandais-je, entre deux bouchées.

Non, Dit-il, faiblement.

Mais tu dois être quand même un peu fatigué ?


Il haussa les épaules et but une gorgée d'eau, avant de recommencer à manger. S'il n'était pas bavard, il avait un appétit d'ogre. Mon regard se posa alors sur Ilian qui sortait du réfectoire, je ne l'avais pas vu entrer. M'avait-il vu lui ? Le stress de ce matin revint au galop, ainsi que les questions qui se bousculaient dans ma tête. Mais je ne souhaitais pas chercher de réponses, en tout cas pas maintenant.


Une demi-heure plus tard, nous sortions du réfectoire, et je lui faisais visiter l'hôpital. Une fois terminé, je le fis entrer dans sa chambre, vide de tout vie. Il s'assit immédiatement sur le lit, regardant autour de lui. Ses affaires avaient été montées et étaient posées dans le coin d'une pièce.


Ce n'est pas le grand luxe, mais tu peux toujours l'aménager comme tu en as envie. Dis-je en regardant autour de moi.


Il me fit un sourire en coin avant de se lever et d'ouvrir sa valise toujours sans un mot. Souriant à mon tour, je m'adressais une nouvelle fois à lui.


Si tu as besoin de quoi que ce soit, le bureau des infirmières est au bout du couloir, et si jamais tu souhaites parler, je reste dans mon bureau jusqu'à ce soir.


Il ne dit rien, et je me retournais et refermais la porte sur moi. Il avait l'air calme, bien qu'il parlait peu. Je me doutais qu'un cas atteint de problème borderline parlait peu, et j'espérais en connaître plus sur son sujet. Le seul moyen était son dossier que j'avais laissé dans mon bureau. D'un pas rapide, j'allais vers cette pièce qui m'était réservée, et m'installais dans mon fauteuil. Le dossier de Cameron en mains, je passais ma journée entière à lire, et en quelque sorte, à mieux le connaître.


**

Lorsque le soir vint, c'est un long bâillement qui m'avertit que je tombais de sommeil. Mon regard se posa sur l'horloge. Il était tard, et encore une fois, j'avais passé toute ma journée a étudier un cas. Frottant mes yeux fatigués, je me levais et enfilait ma veste, attrapant au passage ma sacoche. Un énième bâillement, je sortais de mon bureau, pour retrouver ma vie de célibataire que je détestait tant. Je pris l'ascenseur, mais au moment de choisir mon étage, j'hésitais. Je mourrais d'envie d'aller voir Ilian, espérant au plus profond de moi qu'il avait lu la lettre que je lui avais écrite. Mais que se passerait-il ? Verrions nous les choses s'arranger entre nous ? J'avais écrit cette lettre sans penser à l'avenir, à ce qui se passerait après. Mais je n'en avais aucune idée. J'aurais pu appuyer sur l'étage des chambres, mais je ne le fis pas, préférant repousser le moment fatidique où le destin nous ferais nous rencontrer de nouveau.


Je pris la direction de ma voiture, passant par le parc éclairé par des petites lampes lumineuses disposées dans le sol. Ce paysage paisible me calmait, et éloignait tout mes doutes. Mais le froid, me fit rentrer rapidement. Encore une soirée que je passerais seul...


**

Le lendemain, je passais la journée à m'informer un peu plus sur le problème de Cameron. J'attendais avec angoisse le moment où Ilian rentrerait dans ce bureau. Voulant penser à autre chose, je passais de pages en pages lisant et notant quelque exemples de cas.


L'heure tourna assez vite, et avec un pincement au cœur, je réalisais qu'Ilian était en retard, et ça m'étonnerais qu'il viendrait. Pourtant je décrochais le combiné et appelais l'infirmerie pour savoir où se trouvait Ilian. Elles m'informèrent alors qu'il était encore dans sa chambre et qu'elles allaient le chercher. L'angoisse et le stress montèrent aussitôt à l'idée que dans quelques minutes, Ilian se tiendrait devant moi. Passant une main sur mon visage, je respirais calmement, essayant de contrôler ce pic de stress.


La porte s'ouvrit quelques minutes plus tard, libérant Ilian un regard noir et un visage fermé. Je ne su pas pourquoi, mais mon cœur se serra immédiatement. S'il avait lû ma lettre, cela lui avait fait ni chaud ni froid. Il voulait passer à autre chose sans moi, mais je n'étais pas prêt à le laisser partir. Pas maintenant que je savais toute la vérité.


Tu vas bien ? Demandais-je tellement vite que cela me surpris moi-même.


Il ne me répondit pas, l'Ilian d'il y a un mois semblait avoir refait surface. Un soupire s'échappa de mes lèvres. Je cherchais par quel moyen je pourrais l'approcher sans attirer ses foudres, et la seule façon qui me vint à l'esprit fut de lui dire la vérité.


Je sais que je t’ai fait souffrir… Des centaines de fois surement, mais aujourd’hui j’aimerais t’aider. Je sais qu’on ne peut pas tout rependre à zéro. Tu ne peux pas oublier ce qu’il t’a fait, et je crois que moi non plus.


Ces mots étaient durs à prononcer, mais j'imaginais la souffrance qu'Ilian éprouvait à les entendre.


Mais je peux t’aider à aller de l’avant. Il faut juste que tu me parles… Que tu te confie à moi…


Je posais alors mon regard sur lui, essayant de capter ses océans, mais je ne rencontrais qu'un mur.


Tu sais, tentais-je à nouveau, le directeur trouve que tu vas un peu mieux, et j’aimerais pouvoir l’affirmer… Je… Je n’arrive plus à lire en toi comme avant, je ne sais pas si tu vas bien ou mal, je ne sais pas ce que tu veux… J’aimerais que tu me le dises… Et je sais qu’il te faudra du temps…


Il ne dit rien, se contentant de garder la tête basse. Mais je savais qu'il m'écoutait.


Ilian, repris-je, Je...


Je baissais alors la tête trop prit par les émotions. La gorge nouée, il me fallut un moment avant de pouvoir relever la tête et parler normalement. Mais alors que je me relevais, je pu voir la tête d'Ilian tourner dans une autre direction. Un sourire en coin étira mes lèvres. Il pouvait très bien faire le sourd, mais ce que je disais le touchait malgré lui.


Tu sais, le directeur m’a confié un nouveau patient, car il trouvait que j’étais trop proche de toi. Je pense qu’il a raison, mais je m’en fiche, car s’il faut que je sois à nouveau proche de toi pour que tu aille mieux, alors je le serais.


C'était une promesse. Quoi qu'il fasse, quoi qu'il me dise, je ne baisserais pas les bras. Je l'avais fait quatre ans plus tôt et il était hors de question de commettre la même erreur deux fois. C'est alors qu'il releva la tête pour ancrer son regard sans vie dans le mien. Un regard aussi froid que de la glace. Un regard inexpressif. Ilian avait perdu l'espoir et mon cœur se brisa. J'ignorais combien de temps nous restâmes ainsi, nos regards entrelaçais, mais il y coupa court après un temps. Il se leva sans un mot et sortit en trombe de mon bureau.


Cet entretien m'avait bouleversé, beaucoup plus que je ne l'avais imaginé. J'aurais aimé qu'il me parle, qu'il me traite de tout les noms s'il le voulait Qu'il me dise que ma lettre était un mensonge...N'importe quoi. Mais il avait choisit l'indifférence, ce qui était la pire arme qu'il aurait pu utiliser. Je préférais qu'il me haïsse plutôt qu'il reste sans réaction car au moins il pensait encore à moi. Dans un soupire, je posais ma tête entre mes mains, mais je n'eus pas le temps de me reposer que j'entendis quelques coups discrets frappés à ma porte.


Surpris, je relevais la tête, fronçant légèrement les sourcils.


Entrez. Dis-je, me redressant.


J'eus alors la surprise de voir entrer Cameron dans mon bureau. Replié sur lui même, les mains dans les manches. Son regard fuyant se posa alors sur moi, et sans un bruit il referma la porte, puis s'installa sur le fauteuil.


Tu vas bien Cameron ? Demandais-je, les sourcils froncés.


Je ne me rappelais pas que nous avions rendez-vous aujourd'hui. Mais lorsqu'il posa la photo d'une jeune femme sur la table, mon sang se glaça. Délicatement, je la pris en main et examina l'image. La jeune femme avait de longs cheveux roux, parfaitement assortis à ses yeux émeraudes. Des tâches de rousseurs sur son nez et ses joues, elle avait un air enfantin qui faisait tout son charme. Je savais très bien qui était cette personne, mais si Cameron me montrait la photo, c'était qu'il souhaitait en parler.


Qui est cette femme Cameron ? Demandais-je, reposant la photo sur la table

Zoé.


Sa voix était faible, comme un murmure. La tête baissée, il reprit la photo entre ses doigts, caressant le visage angélique de la jeune femme.


Elle est très belle, c'est ta petite amie ?


Il remua la tête, m'indiquant que j'avais raison.


Depuis combien de temps êtes vous ensemble ? Dis-je, calme.


Je prenais garde à parler au présent, voulant l'amener lui-même à la conclusion que Zoé était décédée.


2 ans. Mais elle est partit.

Partit où ?

Je sais pas, avec un autre homme surement.


Je reconnu immédiatement un signe du trouble borderline, voyant là le symptôme de dévalorisation et de manque de confiance en soi. Il refusait d'admettre qu'elle était décédée, et qu'il l'avait tué.


Tu es sûr Cameron ? Demandais-je


Il haussa alors les épaules et rangea la photo dans sa poche. Puis, contre toute attente, il se leva et sortit de mon bureau. Surpris, je le regardais fermer la porte. Un rire nerveux franchit le barrage de mes lèvres. Cette attitude était tout à fait normale, mais j'étais pour l'instant peu habitué.


Je passais le reste de mon après-midi à appeler les différents instituts que Cameron avait visité, souhaitant en apprendre un peu plus. Je pris un sandwich tout simple à l'heure du diner, et retournais travailler une heure de plus avant que la fatigue ne me gagne une nouvelle fois.


Lorsque, comme l'autre soir, j'arrivais devant l'ascenseur, j'hésitais une nouvelle fois. L'étage des chambres, ou l'accueil. Par une force inconnu, mon doigt se posa sur l'étage des chambres. Je ne souhaitais pas lui parler, mais juste l'entrapercevoir, sans qu'il ne le sache. Doucement, sans bruit, j'entrouvris la porte de sa chambre, et le spectacle qui s'offrit m'horrifia. Ilian était en boule dans son lit, la main sur sa plaie, les larmes dévalant sur ses joues. Il était mal, et immédiatement, j'entrais :


Ilian ? Qu'est-ce que tu...


Il redressa alors vivement la tête. Son regard exprimait tellement de désespoir que j'en fus déstabilise. Mais alors que j'allais poser ma main sur son épaule pour lui apporter un peu de réconfort, il me sauta dans les bras, comme un acte de survis. Il pleurait bruyamment, évacuant surement un stress. Me ressaisissant, je passais mes deux bras autour de sa taille et m'asseyais sur le lit. Une main sur son dos, je le frottais doucement, écoutant ses pleurs qui peu à peu se calmaient. Le cœur serré, je lui apportais surement ce qu'il recherchait depuis longtemps : la douceur d'une étreinte.


Lorsqu'il commença à se calmer et que ses pleurs cessèrent, ma main vint se loger dans sa chevelure ébène, et d'un geste doux, mes lèvres se posèrent sur son front. C'est alors que j'entendis Ilian murmurer un « pardon » si mélancolique qu'il me fendit le cœur.


Pardon pourquoi ? Demandais-je, cessant un instant mes caresses.


Il s'écarta alors de moi, plongeant ses yeux magnifiquement bleus dans les miens. D'une voix faible mais sûr de lui, il déclara :


De ne pas t’avoir écouté… Pardon de ne pas avoir ouvert les yeux, d’avoir abandonné, de ne pas m’être battu et surtout de ne pas avoir été à la hauteur de l’amour que je disais avoir pour toi.


Ces mots me transpercèrent littéralement le cœur. Vivement, je le repris dans mes bras, lançant un « Oh Ilian ». Les larmes me montèrent bien vite aux yeux. Pourquoi me disait-il cela ?.


Rien n’est de ta faute… m'exclamais-je. Si les rôles avaient été inversés, je crois que j’aurais fait la même chose… Je crois qu’on est tous les deux tombés dans le piège d’Ewen…


Je le sentis frissonner et mon étreinte se resserra un peu plus.


Ne me pose plus de questions Jaeden… Je ne veux plus parler de ce qui s’est passé il y a quatre ans… Je…


Sa voix mourut dans un sanglot, et immédiatement je lui répondis.


Je te laisserais le temps qu’il faudra Ilian… Je ne te forcerais jamais… Mais j’aimerais qu’un jour, tu te confies vraiment à moi. Lorsque tu te sentiras prêt, je serais là… Je ne te laisserais plus tomber Ilian… Je suis là…


Je le laissais un temps se reposer, se calmer, et assimiler mes paroles. Dans cette étreinte, je me sentais vibrer. Son corps, son parfum, lui. Tout me manquait. Je me séparais alors d'Ilian alors que je le sentais s'assoupir.


Tu devrais dormir Ilian… Tu en as vraiment besoin…


Je me relevais alors, voulant quitter sa chambre. Ilian avait besoin de repos et ma présence n'était pas nécessaire. Mais alors que je voulais partir, je sentis la main d'Ilian se poser sur mon bras.


Restes...Me supplia-t'il, vivement.


Son regard était si triste et peureux, que je ne pû que céder.


D’accord, je reste ici, répondis-je, en revenant vers lui

Ravi, et ne voulant pas vraiment me laisser le choix, il se décala contre le mur et m'invita du regard à m'installer près de lui. C'était une chose de passer la nuit à le veiller, et s'en était une autre de dormir avec lui. Mon statut me l'interdisait, et Ilian le savait autant que moi. Pourtant, il posa sur moi un regard qui me fit vibrer, ce même regard qui me faisait tout lui céder il y a quatre ans. Je pû comprendre avec horreur qu'il possédait encore trop de pourvoir sur moi.



- S'il te plait Jaeden...supplia-t'il, comme pour achever mon hésitation.


Je finis par accepter, ne pouvant lui résister. Je m'allongeais alors sur les couvertures, et lui en dessous, pensant que cette barrière de tissus pourrait nous empêcher de traverser une limite imaginaire. Mais c'était déjà fait, sans même nous en rendre compte. Ilian se colla immédiatement contre moi, comme dans le temps. Je ne pouvais lui refuser cette étreinte qui lui avait fait défaut depuis quatre ans. Je devais même dire que sentir le corps chaud d'Ilian contre moi me faisait du bien, m'apaisait. Fermant les yeux, mon esprit divagua, et l'image de jardin où nous avions échangé notre premier baiser vint y prendre place. Sans même m'en rendre compte, je posais une question à laquelle je mourrais d'envie de savoir la réponse.


- Dis Ilian, si tu étais libre, tu souhaiterais être où à cet instant ?


Il ne me répondit pas tout de suite. Ilian devait penser que cette question n'avait pas de réponse car jamais il ne pourrait sortir d'ici. À cette pensée mon cœur se serra, notre histoire était vouée à l'échec dès le départ. Mais alors que je partais dans de sombres pensées, la voix d'Ilian me réveilla.


- Dans le jardin de Joeffrey...

Par mai-lynn - Publié dans : Nothing To Prove
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